Youssef Nabil #fiche

Youssef Nabil

Quelle est l'originalité de la démarche artistique de Youssef Nabil ?

Youssef Nabil, artiste photographe (Le Caire, Égypte)

Artiste multiforme au style reconnaissable entre mille, Youssef Nabil navigue avec grâce entre les univers esthétiques et les pays. Il se passionne très tôt pour l’âge d’or du cinéma égyptien et hollywoodien, dont l’esthétique glamour rayonne dans ses œuvres ; une empreinte manifeste dès ses premières photos, qu’il prend alors qu’il est encore adolescent. C’est ainsi qu’il développe l’art du scénario et de la mise en scène, éléments essentiels afin d’intégrer son imaginaire au sein de l’image figée.

Cette rencontre avec le grand écran l’oriente vers une carrière de photographe international qui débute en 1992. Formé à Paris et à New-York, Youssef Nabil pratique le portrait et développe son esthétique d’une photographie presque surréaliste, qui associe les modèles au monde du rêve et du sommeil.

L’Égypte s’avère une source d’inspiration déterminante. De retour au Caire en 1999, il s’inspire de la technique des derniers retoucheurs d’Egypte, des photographes souvent d’origine arménienne. Elle consiste à retoucher des photos argentiques à la peinture, permettant ainsi de retravailler un détail ou la couleur. Après avoir appris des derniers orfèvres en la matière, il développe sa propre technique en usant huiles, crayons et aquarelles. Pour faire revivre le glamour à l’égyptienne, l’artiste photographie des stars actuelles du monde arabe en s’inspirant de l’univers du cinéma des années 1940 et en mettant à profit son expertise technique en retouche photographique. Cette association permet au spectateur de voyager entre l’Égypte d’hier et le monde d’aujourd’hui, entre luxe et culture populaire.

Son goût du cinéma l’oriente vers la vidéo, qui lui permet de mettre en mouvement son univers. En 2010, You Never Left met en scène les acteurs Fanny Ardant et Tahar Rahim dans une métaphore de l’Égypte perdue. Il y réinvestit les éléments esthétiques de l’âge d’or tout en abordant le délicat sujet de la disparition, du temps qui passe et de l’exil.

En 2015, I Saved My Belly Dancer, avec Salma Hayek et Tahar Rahim, illustre la nostalgie de l’âge d’or mais aussi l’inquiétude face à la perception du corps des femmes dans l’Égypte d’aujourd’hui.
Hajer Ben Boubaker

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