Les divas sur grand écran #fiche

Samia Gamal, la diva aux pieds nus

Qui est Samia Gamal, l’icône aux pieds nus ?

Samia Gamal en couverture du magazine « Al-Kawakeb » (Les planètes), 1956 Beyrouth, collection Abboudi Bou Jawde © Abboudi Bou Jawde
Samia Gamal, danseuse et actrice (Wana, Égypte, 1924 - Le Caire, Égypte, 1994)

La petite fille qui cousait des vêtements dans un atelier du quartier populaire d’Al Azhar ne se doutait sans doute pas qu’un jour, elle danserait au palais Abdin devant le roi d’Égypte et du Soudan et deviendrait synonyme, pour le monde entier, de la grâce des danseuses orientales. Samia Gamal, le sourire le plus célèbre d’Égypte, est l’une des danseuses et actrices majeures de l’âge d’or du cinéma égyptien.

Née Zainab Ibrahim Mahfuz dans une famille très modeste, elle travaille dès l’adolescence, suite au décès de son père, pour subvenir à ses besoins. Très vite fascinée par le cinéma musical, elle nourrit le rêve de devenir danseuse après avoir vu un film avec Badia Massabni, la patronne du Casino Opéra. Elle parvient à rencontrer cette dernière, qui l’embauche comme figurante dans sa troupe.

Samia Gamal devient avec Tahiyya Carioca l’une des têtes d’affiches du club et se distingue par ses apports à la danse sharqî : dans ses numéros, elle introduit des éléments de danses classique et latino-américaines (samba, rumba, tango) et imprime à ses bras des mouvements pleins d’élégance qui lui donnent un style reconnaissable entre mille.

Le succès sur grand écran lui ouvre les bras : d’abord danseuse-figurante, elle est très vite sollicitée en tant que danseuse-actrice. Son premier rôle, dans Ahmar shafayef (Rouge à lèvres) de Wali Eddine Sameh, la popularise auprès du grand public. Mais le tournant reste sa rencontre avec le grand chanteur Farid al-Atrache, avec qui elle forme l’un des couples les plus mythiques du cinéma égyptien. Tous deux multiplient les films en duo qui deviennent rapidement autant de classiques du cinéma égyptien : Ahbek Enta (C’est toi que j’aime) de Ahmed Badrakhan, Madame la diablesse (Afrita anem) de Henry Barakat… Au cinéma, elle démontre l’étendu de son talent de danseuse, notamment en interprétant des solos de danses latines comme dans Un verre, une cigarette (Cigara w kass) en 1955. Son style en danse sharqî continue de s’affiner à travers ses tenues et ses accessoires : elle passe de la danse avec des chaussures à talon à la danse pieds nus, n’utilise jamais le bâton traditionnel de la danse saïdi (danse traditionnelle de Haute-Egypte) contrairement à de nombreuses danseuses et arbore des costumes colorés qui dictent la mode auprès des autres danseuses. À cette star resplendissante, le roi Farouk d’Égypte octroie le titre honorifique de première danseuse nationale.

Après plusieurs années d’une histoire d’amour passionnée qui marque durablement la culture populaire arabe, Farid al-Atrache et Samia Gamal se séparent. Cette dernière épouse un homme d’affaires texan et débute une carrière internationale dans des films tels que La Vallée des rois aux côtés de Robert Taylor. En France, elle interprète le rôle de Morgiane dans le grand succès populaire Ali Baba et les quarante voleurs, avec Fernandel. Cependant, l’aventure à l’international ne lui convient pas et elle divorce de son époux américain, lui reprochant de lui voler ses revenus.

À son retour en Égypte, elle épouse l’un des acteurs les plus talentueux du pays, Rochdi Abaza, et réduit progressivement ses apparitions à l’écran. Elle prend officiellement sa retraite en 1972. Décédée en 1994, Samia Gamal reste l’une des plus célèbres représentantes de l’Égypte contemporaine.
Hajer Ben Boubaker

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