Tahiyya Carioca, la danseuse rebelle
Tahiyya Carioca, une star engagée ?
Tahiyya Carioca, danseuse et actrice (Ismaïlia, Égypte, 1919 - Le Caire, Égypte, 1999)
Rien ne prédestinait la jeune Badaweya Mohamed Karim Ali Elnidani à devenir l’une des plus grandes danseuses orientales et actrices du monde arabe. En 1940, son interprétation de la samba, danse brésilienne qu’elle popularise en Égypte, lui offre un nom de scène qui contribue à sa légende : Tahiyya Carioca. Mais avant d’accéder à la gloire, elle aura dû se battre…
La future Tahiyya Carioca naît le 22 février 1919 dans une famille de militants politiques engagés contre l’impérialisme britannique. Marquée par le décès de son père, elle est contrainte de vivre chez son frère qui la bat pour la punir de sa passion pour la danse et la musique. Encore adolescente, avec l’aide de son neveu, elle prend la fuite pour Le Caire afin d’échapper aux mauvais traitements et réaliser son rêve : devenir artiste.
Elle tente d’abord sa chance auprès du célèbre club Souad mais la propriétaire refuse de l’employer, craignant que la mauvaise réputation ne s’abatte sur la jeune fille. C’est finalement la déjà célèbre Badia Massabni, propriétaire du Casino Opéra, qui l’embauche comme danseuse dans sa troupe et lui attribue le nom de scène de Tahiyya Mohamed. Elle se distingue rapidement au point d’interpréter des spectacles en solo.
Sa beauté et sa prestance lui valent d’être rapidement sollicitée par l’industrie cinématographique. Elle débute au cinéma en 1935, ce qui lui permet de faire découvrir au grand public l'étendue de son talent de danseuse. Elle contribue à développer les techniques de la danse sharqî et profite de ses apparitions pour mettre en avant de multiples styles de danses.
Farouchement attachée à son indépendance et à la revalorisation du statut d’artiste, elle fonde sa propre société de production en 1945. Elle prendra même la tête du syndicat des artistes égyptiens après avoir mis au jour une affaire de corruption au sein de l’institution.
Tahiyya Carioca se distinguera tout au long de sa vie par son engagement politique : en soutenant la lutte indépendantiste égyptienne dès 1948 ou encore en marquant son soutien à la nationalisation du Canal de Suez et contre l'agression tripartite. Cet engagement envers son pays ne l'empêche pas de professer des opinions qui déplaisent aux représentants successifs du pouvoir en Égypte, du roi Farouk au président Sadate, et lui valent plusieurs emprisonnements ; il lui sera notamment reproché, à partir de la présidence de Nasser, d’être proche du parti communiste, qui est interdit.
Elle prend sa retraite de danseuse au début des années 60 pour se consacrer exclusivement au métier d’actrice mais reste un modèle pour toutes les danseuses égyptiennes. Très populaire, elle aura été la tête d’affiche de plus de 200 films et de nombreuses pièces de théâtre en créant sa propre compagnie avec le metteur en scène Fawz Halawa. Ses 14 mariages auront alimenté sa légende et elle confie, à la fin de sa vie, au célèbre théoricien et essayiste américano-palestinien Edward Said : « En tant qu’artiste, j’ai eu une belle vie, une vie que j’ai adorée. »
Hajer Ben Boubaker
Rien ne prédestinait la jeune Badaweya Mohamed Karim Ali Elnidani à devenir l’une des plus grandes danseuses orientales et actrices du monde arabe. En 1940, son interprétation de la samba, danse brésilienne qu’elle popularise en Égypte, lui offre un nom de scène qui contribue à sa légende : Tahiyya Carioca. Mais avant d’accéder à la gloire, elle aura dû se battre…
La future Tahiyya Carioca naît le 22 février 1919 dans une famille de militants politiques engagés contre l’impérialisme britannique. Marquée par le décès de son père, elle est contrainte de vivre chez son frère qui la bat pour la punir de sa passion pour la danse et la musique. Encore adolescente, avec l’aide de son neveu, elle prend la fuite pour Le Caire afin d’échapper aux mauvais traitements et réaliser son rêve : devenir artiste.
Elle tente d’abord sa chance auprès du célèbre club Souad mais la propriétaire refuse de l’employer, craignant que la mauvaise réputation ne s’abatte sur la jeune fille. C’est finalement la déjà célèbre Badia Massabni, propriétaire du Casino Opéra, qui l’embauche comme danseuse dans sa troupe et lui attribue le nom de scène de Tahiyya Mohamed. Elle se distingue rapidement au point d’interpréter des spectacles en solo.
Sa beauté et sa prestance lui valent d’être rapidement sollicitée par l’industrie cinématographique. Elle débute au cinéma en 1935, ce qui lui permet de faire découvrir au grand public l'étendue de son talent de danseuse. Elle contribue à développer les techniques de la danse sharqî et profite de ses apparitions pour mettre en avant de multiples styles de danses.
Farouchement attachée à son indépendance et à la revalorisation du statut d’artiste, elle fonde sa propre société de production en 1945. Elle prendra même la tête du syndicat des artistes égyptiens après avoir mis au jour une affaire de corruption au sein de l’institution.
Tahiyya Carioca se distinguera tout au long de sa vie par son engagement politique : en soutenant la lutte indépendantiste égyptienne dès 1948 ou encore en marquant son soutien à la nationalisation du Canal de Suez et contre l'agression tripartite. Cet engagement envers son pays ne l'empêche pas de professer des opinions qui déplaisent aux représentants successifs du pouvoir en Égypte, du roi Farouk au président Sadate, et lui valent plusieurs emprisonnements ; il lui sera notamment reproché, à partir de la présidence de Nasser, d’être proche du parti communiste, qui est interdit.
Elle prend sa retraite de danseuse au début des années 60 pour se consacrer exclusivement au métier d’actrice mais reste un modèle pour toutes les danseuses égyptiennes. Très populaire, elle aura été la tête d’affiche de plus de 200 films et de nombreuses pièces de théâtre en créant sa propre compagnie avec le metteur en scène Fawz Halawa. Ses 14 mariages auront alimenté sa légende et elle confie, à la fin de sa vie, au célèbre théoricien et essayiste américano-palestinien Edward Said : « En tant qu’artiste, j’ai eu une belle vie, une vie que j’ai adorée. »