Wael Kodeih et Randa Mirza #fiche

La dernière danse

Comment définir l’œuvre de Waël Kodeih et Randa Mirza ?

Randa Mirza et Waël Kodeih Schéma 2D de l’installation La Dernière Danse, 2020 © Randa Mirza et Célia Bonin / Waël Kodeih
La rencontre de Waël Kodeih et Randa Mirza est ancrée dans leur amour commun du patrimoine musical et cinématographique arabe. Le premier spectacle visuel et sonore qu’ils produisent a un nom tout trouvé : Love and Revenge (Amour et Vengeance), en hommage au 2e et dernier film d’Asmahan, Amour et vengeance (Gharam wa Intiqam), réalisé par Youssef Wahbi. La diva est un personnage central de cette première œuvre, dans laquelle les deux artistes libanais proposent un voyage à travers les images du Caire des années 1950.

Love and Revenge est présenté pour la première fois en 2015. Sur scène, Waël Kodeih côtoie le fulgurant oudiste électrique Mehdi Haddab et le joueur de synthétiseur Julien Perraudeau. Ils proposent à eux trois une version électronique et électrisante des grands tubes de l’époque. Soucieux de préserver leur valeur artistique et affective, Waël Kodeih travaille ses mix en respectant la forme originale des chansons, pour le plus grand plaisir des auditeurs. À l’écran, Randa Mirza projette des extraits de films qui accordent une place de choix aux figures féminines.

Faisant travailler la mémoire auditive et visuelle des connaisseurs comme l’imaginaire des novices, le spectacle est un pari réussi qui nous plonge dans le patrimoine commun des pays arabes. C’est un regard passionné qui est posé sur ce pan de l’histoire culturelle, dont les deux artistes se réapproprient les codes pour interroger le présent, le rapport au corps et leur relation aux racines.

Cette exploration se poursuit avec Glory & Tears (Gloire et Larmes), créé en 2018. Le duo s’offre un voyage accompagné de figures moins connues en Europe, moins transnationales dans le monde arabe et pourtant d'une importance capitale dans leur pays d’origine. La musique est plus éclectique, allant de la aïta marocaine d’une Hajja Hamdaouia au chaâbi du monument de la musique algérienne Mohamed El Anka. Cette hétérogénéité musicale permet à Randa Mirza de développer un imaginaire presque psychédélique en puisant à de nombreuses archives méconnues de films arabes.

Avec La dernière danse, installation spécialement créée pour l’exposition « Divas. D’Oum Kalthoum à Dalida », Waël et Randa offrent aux visiteurs de l’Institut du monde arabe un nouveau voyage au Caire, et s’offrent le luxe d’y tenir compagnie à deux légendes : Tahiyya Carioca et Samia Gamal, les plus célèbres des danseuses égyptiennes, qu’ils font revivre à l’aide d’hologrammes. La musique, une composition de Waël Kodeih inspirée d’une suite musicale wasla en mode Rast de Rouhiya Abdel Khalek, puise une fois encore à l’âge d’or en mettant l’accent sur l’univers de la comédie musicale, indissociable du travail des deux danseuses. Les hologrammes sont tirés de trois films : Un verre et une cigarette et Afrita Hanem (Samia Gamal) et Le Bonnet magique (Tahiyya Carioca).
Hajer Ben Boubaker

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