Aux origines du féminisme arabe
Quelle est l'origine du féminisme arabe ?
Le féminisme arabe trouve ses origines en Égypte, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, fruit de l’action de femmes écrivaines et militantes. Aucune de ces dernières ne revendique le terme de « féminisme » ; il s’agit pourtant bien des prémices d’un questionnement sur la place de la femme dans la société et de revendications égalitaires, dans un Proche-Orient qui, comme de nombreuses sociétés de cette époque, réserve aux hommes la parole et l’espace publics.
Dans le Proche-Orient de l’époque, nombreuses sont les femmes issues des milieux les plus favorisés à vivre confinées dans des harems, alors que celles des classes populaires ont accès à l’espace public dans le cadre de leur travail. Ni les unes ni les autres ne bénéficient du même accès à l’éducation que les hommes, et elles ne peuvent exprimer leurs opinions comme le font ces derniers. Il existe néanmoins des femmes éduquées qui, dans leurs harems et leurs foyers, produisent des textes abordant leur condition et des poèmes où transparaissent leurs sentiments ; ainsi, du poème écrit en éloge à la poétesse libanaise Warda al-Turk, par la Syrienne Warda al-Yaziji (1838-1924), qui fera date.
L’une des premières femmes de lettre égyptienne, Malak Hifni Nasif, connue sous le pseudonyme de Bahithat al Badiya (« l’exploratrice des champs »), questionne sa condition dans ses écrits lorsqu’elle est contrainte d’abandonner son poste d’institutrice à la suite de son mariage, la loi égyptienne interdisant alors aux femmes mariées d’enseigner. Cet engagement pour la cause des femmes est aussi celui de l’écrivaine libanaise chiite Zaynab Fawwaz, au parcours d’autant plus notable qu’elle n’est pas issue de la bourgeoisie citadine mais d’un village pauvre du sud du Liban ; selon certains commentateurs, elle aurait été femme de chambre dans le palais d’un riche notable de la région. Alors qu’elle émigre au Caire dans les années 1870, Zaynab se fait connaître en écrivant des articles sur les questions sociales touchant les femmes. Elle est connue pour avoir rédigé, en 1895, une encyclopédie biographique de 552 pages sur 456 femmes et leurs réalisations intitulée Le Livre des perles éparses concernant les catégories de femmes (Kitāb al-Durr al-Manthūr fī Ṭabaqāt Rabbāt al-Khuduūr).
Cette effervescence est rendue possible grâce aux nombreux salons littéraires fondés par des femmes : Zaynab Fawwaz ouvre un salon à Damas et la Libanaise May Ziadé, l’un des salons littéraires les plus importants du Caire.
De nombreux échanges existent entre les partisanes du changement, comme en témoignent les échanges intellectuels entre Zaynab Fawwaz et la poétesse égyptienne Aisha Taimour ou la poétesse libanaise Warda al-Yazigi. Ce mouvement exigeant des réformes inclut aussi des hommes, dont Qasim Amin (1865-1908), qui échange régulièrement sur le droit des femmes avec Malak Hifni Nasif. Penseur progressiste, Qasim Amin est l’auteur de deux ouvrages majeurs, Tahrir al-mar’a (La Libération de la femme, 1899) et Al-mar’a al-jadida (La Femme nouvelle, 1900) qui abordent les questions de l’éducation et du rôle de la femme dans la société, du mariage et du divorce ou encore du voile. Il écrit notamment : « Je ne crois pas qu’il soit exagéré de dire que les femmes sont le fondement solide de la civilisation moderne. » Des réformistes musulmans tels que Rifaa al-Tahtawi (1801-1873), imam de la première mission scolaire égyptienne envoyée en France, ou le penseur Mohamed Abduh (1849-1905), défendent le droit à l’instruction des femmes et l’égal accès des garçons et des filles à l’éducation.
Hajer Ben Boubaker
Dans le Proche-Orient de l’époque, nombreuses sont les femmes issues des milieux les plus favorisés à vivre confinées dans des harems, alors que celles des classes populaires ont accès à l’espace public dans le cadre de leur travail. Ni les unes ni les autres ne bénéficient du même accès à l’éducation que les hommes, et elles ne peuvent exprimer leurs opinions comme le font ces derniers. Il existe néanmoins des femmes éduquées qui, dans leurs harems et leurs foyers, produisent des textes abordant leur condition et des poèmes où transparaissent leurs sentiments ; ainsi, du poème écrit en éloge à la poétesse libanaise Warda al-Turk, par la Syrienne Warda al-Yaziji (1838-1924), qui fera date.
L’une des premières femmes de lettre égyptienne, Malak Hifni Nasif, connue sous le pseudonyme de Bahithat al Badiya (« l’exploratrice des champs »), questionne sa condition dans ses écrits lorsqu’elle est contrainte d’abandonner son poste d’institutrice à la suite de son mariage, la loi égyptienne interdisant alors aux femmes mariées d’enseigner. Cet engagement pour la cause des femmes est aussi celui de l’écrivaine libanaise chiite Zaynab Fawwaz, au parcours d’autant plus notable qu’elle n’est pas issue de la bourgeoisie citadine mais d’un village pauvre du sud du Liban ; selon certains commentateurs, elle aurait été femme de chambre dans le palais d’un riche notable de la région. Alors qu’elle émigre au Caire dans les années 1870, Zaynab se fait connaître en écrivant des articles sur les questions sociales touchant les femmes. Elle est connue pour avoir rédigé, en 1895, une encyclopédie biographique de 552 pages sur 456 femmes et leurs réalisations intitulée Le Livre des perles éparses concernant les catégories de femmes (Kitāb al-Durr al-Manthūr fī Ṭabaqāt Rabbāt al-Khuduūr).
Cette effervescence est rendue possible grâce aux nombreux salons littéraires fondés par des femmes : Zaynab Fawwaz ouvre un salon à Damas et la Libanaise May Ziadé, l’un des salons littéraires les plus importants du Caire.
De nombreux échanges existent entre les partisanes du changement, comme en témoignent les échanges intellectuels entre Zaynab Fawwaz et la poétesse égyptienne Aisha Taimour ou la poétesse libanaise Warda al-Yazigi. Ce mouvement exigeant des réformes inclut aussi des hommes, dont Qasim Amin (1865-1908), qui échange régulièrement sur le droit des femmes avec Malak Hifni Nasif. Penseur progressiste, Qasim Amin est l’auteur de deux ouvrages majeurs, Tahrir al-mar’a (La Libération de la femme, 1899) et Al-mar’a al-jadida (La Femme nouvelle, 1900) qui abordent les questions de l’éducation et du rôle de la femme dans la société, du mariage et du divorce ou encore du voile. Il écrit notamment : « Je ne crois pas qu’il soit exagéré de dire que les femmes sont le fondement solide de la civilisation moderne. » Des réformistes musulmans tels que Rifaa al-Tahtawi (1801-1873), imam de la première mission scolaire égyptienne envoyée en France, ou le penseur Mohamed Abduh (1849-1905), défendent le droit à l’instruction des femmes et l’égal accès des garçons et des filles à l’éducation.