May Ziadé, poétesse, écrivaine, essayiste et pionnière du féminisme
Comment May Ziadé a-t-elle œuvré pour la « cause des femmes » ?
"May Ziadé, poétesse, écrivaine, essayiste, pionnière du féminisme (Nazareth, Palestine, 1886 - Le Caire, Égypte, 1940)
May Ziadé a écrit tous les jours de sa vie, avec ce qu’il faut de conviction pour croire en la justesse de ses combats. Peu avant sa mort, elle fit le bilan de cette vie d’écriture et de luttes en déclarant : « Je suis une femme qui a passé sa vie entre ses stylos, sa papeterie, ses livres et ses recherches. Toutes mes pensées ont été centrées sur des idéaux. » Autrice prolifique et polyglotte, féministe convaincue, poétesse de premier rang, traductrice des plus grandes œuvres européennes, essayiste politique, May Ziadé a laissé au monde arabe un héritage d’une rare diversité.
Née d’un père libanais et d’une mère palestinienne, May est issue d’une famille de la bourgeoisie chrétienne levantine et reçoit une excellente éducation entre le Liban et la Palestine. Son père, journaliste et éditorialiste du mouvement de la Nahda, s’installe au Caire avec sa famille en 1908. Il y lance l’importante revue progressiste al-Mahroussa, à laquelle sa fille collabore dès l’âge de 16 ans.
Étudiante studieuse à l’université, bilingue arabe-français, elle parle aussi couramment anglais, italien, allemand, espagnol, grec moderne, sans compter un solide niveau en latin. Forte de ces capacités linguistiques rares et séduite par le mouvement romantique européen, elle rédige son premier recueil de poèmes en français et le dédie à Lamartine. Elle entreprend de traduire en arabe les œuvres de plusieurs auteurs européens tels que Arthur Conan Doyle, Max Müller ou Brada.
Consciente de ses privilèges, notamment de celui d’avoir bénéficié d’une éducation solide, elle est très tôt éveillée aux inégalités entre hommes et femmes dans la région. Militante, elle consacre une grande partie de son travail à documenter l’histoire des féministes arabes. Sa contribution est inestimable puisqu’elle est la première à rédiger la biographie de trois pionnières de la littérature et du féminisme en Égypte : Malak Hifni Nasif (1886-1918), Warda al-Yaziji (1838-1924) et Aïcha Taymour (1840-1902).
Elle est la première à utiliser l’expression « la cause des femmes » dans un écrit en arabe et fait de cette cause le combat de sa vie. Agacée par le monopole masculin dans le milieu littéraire, elle décide d’ouvrir son propre salon, mixte, en 1912. Celui-ci devient rapidement un haut-lieu du mouvement intellectuel de la Nahda et reçoit les plus grands écrivains, journalistes ou philosophes de l’époque tels que l’éminent écrivain et critique égyptien Taha Hussein ou le poète et journaliste libanais Khalil Moutrane.
Ses nombreux écrits font d’elle une des représentantes du romantisme arabe. Ses œuvres sont empreintes de mélancolie et marquées par un usage brillant de la métaphore plaçant l’amour au centre de ses travaux. Poétesse, aussi bien en arabe qu’en français, ses recueils Le Sens de la Vie (Ghayat Al-Hayât) ou Les Fleurs de rêve (écrit en français) restent des classiques de l’époque. Théoricienne du féminisme naissant, elle donne une conférence historique intitulée « Le Sens de la vie », appelant les femmes arabes à revendiquer l’égalité en s’ouvrant à la modernité sans renier leur culture arabe.
Femme passionnante et passionnée, elle est au centre d’une des histoires d’amour les plus connues de la littérature arabe puisqu’elle a entretenu une relation amoureuse platonique avec le célèbre auteur libanais Khalil Gibran, sans jamais le rencontrer. Éprouvée par son décès et par celui de ses parents, May Ziadé est victime d’une manœuvre sordide : des membres de sa famille la font interner en hôpital psychiatrique pour toucher sa part d’héritage, justifiant cet internement par le fait qu’elle n’est pas mariée et exprime des positions féministes. Elle en est libérée grâce à une campagne menée par l’écrivain libano-américain Amin al-Rihani mais, très éprouvée par cet évènement, elle meurt en 1940 au Caire, loin des salons littéraires. May Ziadé n’a pas connu de son vivant une reconnaissance publique à la hauteur de ses travaux mais a laissé au monde arabe un héritage d'une rare diversité."
Hajer Ben Boubaker
May Ziadé a écrit tous les jours de sa vie, avec ce qu’il faut de conviction pour croire en la justesse de ses combats. Peu avant sa mort, elle fit le bilan de cette vie d’écriture et de luttes en déclarant : « Je suis une femme qui a passé sa vie entre ses stylos, sa papeterie, ses livres et ses recherches. Toutes mes pensées ont été centrées sur des idéaux. » Autrice prolifique et polyglotte, féministe convaincue, poétesse de premier rang, traductrice des plus grandes œuvres européennes, essayiste politique, May Ziadé a laissé au monde arabe un héritage d’une rare diversité.
Née d’un père libanais et d’une mère palestinienne, May est issue d’une famille de la bourgeoisie chrétienne levantine et reçoit une excellente éducation entre le Liban et la Palestine. Son père, journaliste et éditorialiste du mouvement de la Nahda, s’installe au Caire avec sa famille en 1908. Il y lance l’importante revue progressiste al-Mahroussa, à laquelle sa fille collabore dès l’âge de 16 ans.
Étudiante studieuse à l’université, bilingue arabe-français, elle parle aussi couramment anglais, italien, allemand, espagnol, grec moderne, sans compter un solide niveau en latin. Forte de ces capacités linguistiques rares et séduite par le mouvement romantique européen, elle rédige son premier recueil de poèmes en français et le dédie à Lamartine. Elle entreprend de traduire en arabe les œuvres de plusieurs auteurs européens tels que Arthur Conan Doyle, Max Müller ou Brada.
Consciente de ses privilèges, notamment de celui d’avoir bénéficié d’une éducation solide, elle est très tôt éveillée aux inégalités entre hommes et femmes dans la région. Militante, elle consacre une grande partie de son travail à documenter l’histoire des féministes arabes. Sa contribution est inestimable puisqu’elle est la première à rédiger la biographie de trois pionnières de la littérature et du féminisme en Égypte : Malak Hifni Nasif (1886-1918), Warda al-Yaziji (1838-1924) et Aïcha Taymour (1840-1902).
Elle est la première à utiliser l’expression « la cause des femmes » dans un écrit en arabe et fait de cette cause le combat de sa vie. Agacée par le monopole masculin dans le milieu littéraire, elle décide d’ouvrir son propre salon, mixte, en 1912. Celui-ci devient rapidement un haut-lieu du mouvement intellectuel de la Nahda et reçoit les plus grands écrivains, journalistes ou philosophes de l’époque tels que l’éminent écrivain et critique égyptien Taha Hussein ou le poète et journaliste libanais Khalil Moutrane.
Ses nombreux écrits font d’elle une des représentantes du romantisme arabe. Ses œuvres sont empreintes de mélancolie et marquées par un usage brillant de la métaphore plaçant l’amour au centre de ses travaux. Poétesse, aussi bien en arabe qu’en français, ses recueils Le Sens de la Vie (Ghayat Al-Hayât) ou Les Fleurs de rêve (écrit en français) restent des classiques de l’époque. Théoricienne du féminisme naissant, elle donne une conférence historique intitulée « Le Sens de la vie », appelant les femmes arabes à revendiquer l’égalité en s’ouvrant à la modernité sans renier leur culture arabe.
Femme passionnante et passionnée, elle est au centre d’une des histoires d’amour les plus connues de la littérature arabe puisqu’elle a entretenu une relation amoureuse platonique avec le célèbre auteur libanais Khalil Gibran, sans jamais le rencontrer. Éprouvée par son décès et par celui de ses parents, May Ziadé est victime d’une manœuvre sordide : des membres de sa famille la font interner en hôpital psychiatrique pour toucher sa part d’héritage, justifiant cet internement par le fait qu’elle n’est pas mariée et exprime des positions féministes. Elle en est libérée grâce à une campagne menée par l’écrivain libano-américain Amin al-Rihani mais, très éprouvée par cet évènement, elle meurt en 1940 au Caire, loin des salons littéraires. May Ziadé n’a pas connu de son vivant une reconnaissance publique à la hauteur de ses travaux mais a laissé au monde arabe un héritage d'une rare diversité."