Le cinéma égyptien, les femmes derrière la caméra
Quel rôle les femmes ont-elles joué dans le développement du cinéma égyptien ?
L’Égypte est rapidement devenue, au XXe siècle, un lieu phare du 7e art. Or, nombreuses sont les femmes à avoir contribué, à toutes les échelles de la production, à l’essor et au rayonnement du cinéma égyptien.
Aziza Amir est la figure de proue de cette entrée en scène féminine et apporte au cinéma une contribution inestimable : « Elle a réalisé ce que les hommes n'étaient pas en mesure de réaliser », dit à son propos Talaat Harb, fondateur des mythiques Studio Misr et distributeur des plus grands classiques. Née Moufida Mohamed Ghoneim en 1901, actrice de théâtre, Aziza Amir est la première à jouer dans un long-métrage qu’elle a elle-même coréalisé : Leila, film muet sorti en 1926 et accueilli avec enthousiasme par les milieux artistiques du Caire. Parfois éclipsée dans les mémoires au profit de son coréalisateur Widad Orfi, Aziza Amir n’en a pas moins posé avec ce film les jalons du cinéma égyptien en introduisant des parties dansées. Productrice de génie, elle fonde sa propre société, Isis Films, qui est à l’origine de nombreux films, notamment ceux dans lesquels elle joue par la suite.
Son parcours débute quelques années avant celui d’une autre grande dame du cinéma, Assia Dagher. Figurante dans Leila, la jeune Libanaise s’illustre en 1929 dans La Beauté du désert (Ghadat al-sahra), qu’elle a elle-même produit. Elle poursuit un temps sa carrière d’actrice, avant de l’interrompre en 1947 pour se consacrer exclusivement à la production. Elle a notamment produit des œuvres importantes de réalisateurs de renom tels que Youssef Chahine. Sa nièce, Mary Queeny, s’investit dans ce nouveau domaine en tant qu’actrice dans les années 1920 avant de fonder sa propre société de production, Gala Films, avec son époux Ahmed Galal.
L’Égyptienne Bahiga Hafez, pianiste et linguiste de formation, crée la société de production Fanar Films en 1932. Elle est notamment connue pour avoir produit le brillant Leila, fille du désert (Layla bint al-sahra) en 1937, l’histoire d’une poétesse arabe enlevée par le roi de Perse dans le Moyen-Orient du Ve siècle. Le film est censuré sous la pression diplomatique iranienne, et Bahiga Hafez finit ruinée. On peut encore citer Fatma Rouchdi, brillante actrice égyptienne, qui réalise son premier film, Le Mariage (al-Zawag), en 1933.
Autant de pionnières indissociables de l’histoire du cinéma égyptien par la place prépondérante qu’elles y occupent dès ses débuts. Et qui, comme bien d’autres à leur suite, loin de se limiter à la place qui leur est si souvent assignée – celle de l’actrice cantonnée à des rôles de femme tourmentée –, font preuve d’ambition et d’audace afin de s’affirmer au sein de l’industrie cinématographique.
Hajer Ben Boubaker
Aziza Amir est la figure de proue de cette entrée en scène féminine et apporte au cinéma une contribution inestimable : « Elle a réalisé ce que les hommes n'étaient pas en mesure de réaliser », dit à son propos Talaat Harb, fondateur des mythiques Studio Misr et distributeur des plus grands classiques. Née Moufida Mohamed Ghoneim en 1901, actrice de théâtre, Aziza Amir est la première à jouer dans un long-métrage qu’elle a elle-même coréalisé : Leila, film muet sorti en 1926 et accueilli avec enthousiasme par les milieux artistiques du Caire. Parfois éclipsée dans les mémoires au profit de son coréalisateur Widad Orfi, Aziza Amir n’en a pas moins posé avec ce film les jalons du cinéma égyptien en introduisant des parties dansées. Productrice de génie, elle fonde sa propre société, Isis Films, qui est à l’origine de nombreux films, notamment ceux dans lesquels elle joue par la suite.
Son parcours débute quelques années avant celui d’une autre grande dame du cinéma, Assia Dagher. Figurante dans Leila, la jeune Libanaise s’illustre en 1929 dans La Beauté du désert (Ghadat al-sahra), qu’elle a elle-même produit. Elle poursuit un temps sa carrière d’actrice, avant de l’interrompre en 1947 pour se consacrer exclusivement à la production. Elle a notamment produit des œuvres importantes de réalisateurs de renom tels que Youssef Chahine. Sa nièce, Mary Queeny, s’investit dans ce nouveau domaine en tant qu’actrice dans les années 1920 avant de fonder sa propre société de production, Gala Films, avec son époux Ahmed Galal.
L’Égyptienne Bahiga Hafez, pianiste et linguiste de formation, crée la société de production Fanar Films en 1932. Elle est notamment connue pour avoir produit le brillant Leila, fille du désert (Layla bint al-sahra) en 1937, l’histoire d’une poétesse arabe enlevée par le roi de Perse dans le Moyen-Orient du Ve siècle. Le film est censuré sous la pression diplomatique iranienne, et Bahiga Hafez finit ruinée. On peut encore citer Fatma Rouchdi, brillante actrice égyptienne, qui réalise son premier film, Le Mariage (al-Zawag), en 1933.
Autant de pionnières indissociables de l’histoire du cinéma égyptien par la place prépondérante qu’elles y occupent dès ses débuts. Et qui, comme bien d’autres à leur suite, loin de se limiter à la place qui leur est si souvent assignée – celle de l’actrice cantonnée à des rôles de femme tourmentée –, font preuve d’ambition et d’audace afin de s’affirmer au sein de l’industrie cinématographique.