Asmahan #fiche

Une carrière brève et intense

Pourquoi la carrière d’Asmahan fut-elle intense ?

Asmahan dans le film Amour et Vengeance, 1944, Collection Abboudi Bou Jawde
Asmahan, chanteuse et actrice (Entre Izmir et Beyrouth, 1912 ? - Le Caire, Egypte, 1944)

De nouveau sous les feux des projecteurs, Asmahan redevient rapidement une vedette prisée des compositeurs et appréciée du grand public. Son premier film, Le Triomphe de la jeunesse (lnstisar al-Shabab, 1941), où elle joue aux côtés de son frère, est un succès. Elle tombe amoureuse du réalisateur, Ahmed Badrakhan, qu’elle épouse au cours d’un bref mariage coutumier rapidement annulé par les familles des deux époux.

Au plan musical, ces années sont celles du développement de son répertoire. Si aujourd’hui le public se souvient de la part la plus occidentale de sa musique, Asmahan possédait une grande maîtrise des chants classiques arabes. Dans les mémoires demeure son inoubliable interprétation de Taghrîd al-balâbil (Gazouillis des rossignols), chanson connue sous le nom de Ya tuyûr (Ô vous les oiseaux) et considérée comme l’une des plus belles de son temps, composée par Mohammad al-Qasabgi et écrite par Yusuf Badrus. Al-Qasabgi était l’un des compositeurs attitrés d’Oum Kalthoum, qui ne lui pardonna jamais d’avoir offert cette chanson à Asmahan et n’interpréta plus, dorénavant, aucune de ses compositions – c’était pourtant l’un des plus importants compositeurs de son temps.

Autre chanson emblématique d’Asmahan, Ya habîbî ta’âl ilhaqnî (Ô mon chéri, viens à moi !) est l’adaptation d’un morceau cubain, El Huerfanito. Dans son deuxième et dernier film, Amour et vengeance (Gharâm wa intiqâmi, 1944), dans lequel elle interprète le rôle d’une chanteuse prête à tout pour se venger de la mort de son bien-aimé, la diva démontre sa capacité à interpréter le répertoire traditionnel du Levant en reprenant le poème Ya Dairati (Mon village) dans le style syro-libanais.

Maîtrisant plusieurs genres musicaux, Asmahan chante les textes de nombreux paroliers prestigieux comme Bayram al-Tounsi, Ahmed Shawqi, Ahmed Rami ou encore Ismaïl Hakim. Connue pour avoir mis en avant des formes modernes de musicalité, elle a aussi une grande expertise, reconnue, des formes traditionnelles, dans lesquelles elle peut explorer toutes ses capacités vocales, du contralto chaleureux au soprano dramatique.

La diva est très proche de son frère, le célèbre chanteur et compositeur Farid al-Atrache, qui lui compose une chanson de style classique, al-Mahmal al-Sharif (Le noble Chariot [du revêtement de la Kaaba]), référence à la caravane du hajj transportant la kiswa, l’étoffe qui couvre la Kaaba, tissée en Égypte puis envoyée en Arabie saoudite ; elle atteste des thématiques variés qu’elle peut aborder en musique.
Hajer Ben Boubaker

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