Du rêve égyptien à la terre promise d’Algérie
Comment Warda est-elle passée du rêve égyptien à la terre promise d’Algérie ?
Warda al-Djazaïria, chanteuse et actrice (Puteaux, France, 1939 - Le Caire, Égypte, 2012)
Djamila, la chanson de Warda en hommage à la figure de la guerre d’indépendance algérienne Djamila Bouhired, est diffusée sur toutes les radios du monde arabe. Elle incarne alors aux yeux de tous la voix d’or qui chante l’aspiration de son pays à la liberté, « Warda al-Djazaïria », Warda l’Algérienne.
En Egypte, le producteur et réalisateur de cinéma Helmi Rafla l’entend et lui propose de venir au Caire pour tourner un film musical, Almaz Wa Abdou el-Hamouli (Almaz et Abdou el-Hamouli), retraçant la fabuleuse histoire d’amour entre la grande figure de la Nahda Abdou al-Hamouli et la chanteuse Almaz. « Si je dois mes débuts à Hachelaf, lui je lui dois ma grande carrière dans le monde arabe », déclarera la diva.
En 1960, elle se rend donc au Caire avec toute sa famille. « Vraiment, la famille errante », en rit-elle vingt-cinq ans plus tard au micro de Daniel Caux sur France Culture. Warda a vingt ans. Dès les premiers jours, elle fait la rencontre de Riad al-Sunbati qui composera pour elle deux chansons As-Sa’idoune (Pour les maquisards) et Nidaou d-Damir (L’Appel de la conscience) sur des textes du poète algérien Salah El Kharfi dédiés à la lutte du peuple algérien pour la liberté, suivies plus tard de plusieurs autres chansons dans la même veine.
A la demande expresse du président égyptien Gamal Abdel Nasser, elle participe la même année aux côtés de Sabah, Shadia, Abdel Halim Hafez et d’autres, à deux chansons patriotiques composées par Mohammad Abdel Wahab. Al-Watan al-Akbar (Le Plus grand pays) célébrant la République arabe unie fédérant l’Egypte et la Syrie depuis 1958 – d’où cette dernière se retirera en 1961 – et al-Guil as-Sa’ed (La génération montante) à la gloire de Nasser.
Quant au film, les équipes de tournage découvrent un problème embarrassant. Warda qui parle bien l’arabe ne sait pourtant pas le lire. La production charge donc un professeur de lui donner des leçons et demande à l’acteur Fattouh Nachati de l’aider à parfaire sa diction en dialecte égyptien. « Je devais parler un égyptien châtié pour le film car je tenais le rôle d’une grande chanteuse ». La jeune femme prend à cœur de combler ces lacunes si bien qu’elle est fière de déclarer « en trois mois, j’écrivais et je lisais mes chansons. Et je lisais le journal ». Le tournage du film peut alors commencer.
Après un autre film qu’elle qualifie elle-même de « navet », elle enregistre plusieurs chansons, notamment pour les causes algérienne et palestinienne, ou sur le thème de l’amour, dont Le’bet al-Ayyam (La Ronde des jours) composée par Riad al-Sunbati.
Sa notoriété est désormais établie dans tout le monde arabe qui est subjugué par cette voix pure, pleine et expressive, dotée d’une « perfection de l’intonation et de la mise en place rythmique », comme l’écrira Daniel Caux à son propos. Quel que soit le genre musical qu’elle chante, elle laisse entendre la richesse modale et mélismatique du maqam ainsi que les inflexions du rythme, tout en mettant en relief les moindres nuances du texte.
Son père meurt en 1961 et quelques mois plus tard, le 5 juillet 1962, l’Algérie obtient son indépendance. Le temps est venu de voir ce pays où elle ne s’est encore jamais rendue. « Je devais connaître cette terre promise pour moi. Mais il fallait que je quitte l’Egypte où je commençais à bien percer. Je n’avais pas dit en partant que je quittais l’art et je ne savais pas que j’allais le quitter effectivement ».
Qaïs Saadi
Djamila, la chanson de Warda en hommage à la figure de la guerre d’indépendance algérienne Djamila Bouhired, est diffusée sur toutes les radios du monde arabe. Elle incarne alors aux yeux de tous la voix d’or qui chante l’aspiration de son pays à la liberté, « Warda al-Djazaïria », Warda l’Algérienne.
En Egypte, le producteur et réalisateur de cinéma Helmi Rafla l’entend et lui propose de venir au Caire pour tourner un film musical, Almaz Wa Abdou el-Hamouli (Almaz et Abdou el-Hamouli), retraçant la fabuleuse histoire d’amour entre la grande figure de la Nahda Abdou al-Hamouli et la chanteuse Almaz. « Si je dois mes débuts à Hachelaf, lui je lui dois ma grande carrière dans le monde arabe », déclarera la diva.
En 1960, elle se rend donc au Caire avec toute sa famille. « Vraiment, la famille errante », en rit-elle vingt-cinq ans plus tard au micro de Daniel Caux sur France Culture. Warda a vingt ans. Dès les premiers jours, elle fait la rencontre de Riad al-Sunbati qui composera pour elle deux chansons As-Sa’idoune (Pour les maquisards) et Nidaou d-Damir (L’Appel de la conscience) sur des textes du poète algérien Salah El Kharfi dédiés à la lutte du peuple algérien pour la liberté, suivies plus tard de plusieurs autres chansons dans la même veine.
A la demande expresse du président égyptien Gamal Abdel Nasser, elle participe la même année aux côtés de Sabah, Shadia, Abdel Halim Hafez et d’autres, à deux chansons patriotiques composées par Mohammad Abdel Wahab. Al-Watan al-Akbar (Le Plus grand pays) célébrant la République arabe unie fédérant l’Egypte et la Syrie depuis 1958 – d’où cette dernière se retirera en 1961 – et al-Guil as-Sa’ed (La génération montante) à la gloire de Nasser.
Quant au film, les équipes de tournage découvrent un problème embarrassant. Warda qui parle bien l’arabe ne sait pourtant pas le lire. La production charge donc un professeur de lui donner des leçons et demande à l’acteur Fattouh Nachati de l’aider à parfaire sa diction en dialecte égyptien. « Je devais parler un égyptien châtié pour le film car je tenais le rôle d’une grande chanteuse ». La jeune femme prend à cœur de combler ces lacunes si bien qu’elle est fière de déclarer « en trois mois, j’écrivais et je lisais mes chansons. Et je lisais le journal ». Le tournage du film peut alors commencer.
Après un autre film qu’elle qualifie elle-même de « navet », elle enregistre plusieurs chansons, notamment pour les causes algérienne et palestinienne, ou sur le thème de l’amour, dont Le’bet al-Ayyam (La Ronde des jours) composée par Riad al-Sunbati.
Sa notoriété est désormais établie dans tout le monde arabe qui est subjugué par cette voix pure, pleine et expressive, dotée d’une « perfection de l’intonation et de la mise en place rythmique », comme l’écrira Daniel Caux à son propos. Quel que soit le genre musical qu’elle chante, elle laisse entendre la richesse modale et mélismatique du maqam ainsi que les inflexions du rythme, tout en mettant en relief les moindres nuances du texte.
Son père meurt en 1961 et quelques mois plus tard, le 5 juillet 1962, l’Algérie obtient son indépendance. Le temps est venu de voir ce pays où elle ne s’est encore jamais rendue. « Je devais connaître cette terre promise pour moi. Mais il fallait que je quitte l’Egypte où je commençais à bien percer. Je n’avais pas dit en partant que je quittais l’art et je ne savais pas que j’allais le quitter effectivement ».