L’enfant de la rue Saint-Séverin à Paris
Comment l’enfance de Warda a-t-elle fait naître sa vocation de chanteuse ?
Warda al-Djazaïria, chanteuse et actrice (Puteaux, France, 1939 - Le Caire, Égypte, 2012)
Warda al-Djazaïria (Warda l’Algérienne), née Ouarda Ftouki, voit le jour à Paris en 1939 d’un père algérien et d’une mère libanaise.
Dans les années 1950, sa famille s’installe au 28 rue Saint-Séverin à Paris où son père ouvre un café-musical, le Tam-Tam, pour Tunisie-Algérie-Maroc, après avoir était le gérant d’un foyer d’ouvriers immigrés dans l’ouest parisien. Le monde artistique nord-africain et proche-oriental s’y retrouve pour écouter ses vedettes vivant à Paris ou celles de passage, tels Mohammad Abdel Wahab, Farid al-Atrache, Sabah, Mohammad Fawzi, Tahiyya Carioca, Raqia Ibrahim. « Je disais à mes frères : si un artiste viens il faut me réveiller, même à minuit. Et on me réveillait », se souvient la diva.
Elle-même y chante de temps en temps, « avant 22h, car il fallait que j’aille à école le lendemain ». Ce terrain de jeu de son enfance lui plaît énormément et décidera de sa vocation de chanteuse. « Cela m’a pris, vous comprenez ! » dira-t-elle. On venait du tout Paris pour entendre cette très jeune enfant dotée d’une voix extraordinaire chanter les grandes chansons d’Oum Kalthoum et de Mohammad Abdel Wahab.
En 1951, âgée d’à peine 11 ans, elle co-présente tous les jeudis une émission enfantine à la Radiodiffusion-télévision française (RTF) présentée et produite par Ahmed Hachelaf. Elle y chante des chansons à chaque épisode.
Hachelaf, également directeur artistique en charge du catalogue arabe au sein de la société phonographique Pathé-Marconi, lu fait enregistrer sa première chanson Ya oummi (Ô mère !) la même année.
A 13 ans, elle enregistre son premier disque qui contient deux chansons Ya Mrawwah Leblad Sallemli ‘Alihom (Toi qui va au pays, salue-les pour moi) et Habibi Ghayeb ‘An ‘Ouyouni <italic></italic>(Mon amour qui est loin de moi).
Ces chansons de Warda, la jeune fille à la voix d’une maturité et d’une beauté exceptionnelles, connaissent alors un énorme succès.
Mais depuis l’éclatement de la guerre d’indépendance algérienne en 1954, l’établissement familial est très surveillé par la police qui soupçonne le père de Warda de servir de relais aux indépendantistes algériens. « La police venait sans arrêt. C’était devenu invivable, nous avions peur de rentrer à la maison ». Cette période de sa vie où elle partage son temps entre son école, rue Saint-Jacques, et la musique au Tam-Tam ainsi qu’à la radio, prend fin en 1958 avec la fermeture de l’établissement et l’expulsion de la famille. Le père de Warda ne peut pas se rendre en Algérie où il est indésirable pour les autorités coloniales françaises. La famille trouvera donc refuge au Liban, le pays de sa mère. La jeune Warda fait ainsi partie, avec sa sœur et ses enfants, du premier contingent familial à partir. Sa mère décède toutefois avant le départ.
« Le départ de Paris a développé en moi un grand amour pour l’Algérie. Au point que j’ai pensé faire des chansons pour l’Algérie. J’ai fait la chanson sur Djamila Bouhired [héroïne de l’indépendance algérienne] et je pense que cela a été pour moi le tremplin pour le monde arabe car à ce moment-là l’Egypte et les pays arabes étaient beaucoup pour la cause algérienne, pour la révolution. Je voulais chanter pour tous les combattants algériens de par tout ce qu’on avait subi et vu ».
Qaïs Saadi
Warda al-Djazaïria (Warda l’Algérienne), née Ouarda Ftouki, voit le jour à Paris en 1939 d’un père algérien et d’une mère libanaise.
Dans les années 1950, sa famille s’installe au 28 rue Saint-Séverin à Paris où son père ouvre un café-musical, le Tam-Tam, pour Tunisie-Algérie-Maroc, après avoir était le gérant d’un foyer d’ouvriers immigrés dans l’ouest parisien. Le monde artistique nord-africain et proche-oriental s’y retrouve pour écouter ses vedettes vivant à Paris ou celles de passage, tels Mohammad Abdel Wahab, Farid al-Atrache, Sabah, Mohammad Fawzi, Tahiyya Carioca, Raqia Ibrahim. « Je disais à mes frères : si un artiste viens il faut me réveiller, même à minuit. Et on me réveillait », se souvient la diva.
Elle-même y chante de temps en temps, « avant 22h, car il fallait que j’aille à école le lendemain ». Ce terrain de jeu de son enfance lui plaît énormément et décidera de sa vocation de chanteuse. « Cela m’a pris, vous comprenez ! » dira-t-elle. On venait du tout Paris pour entendre cette très jeune enfant dotée d’une voix extraordinaire chanter les grandes chansons d’Oum Kalthoum et de Mohammad Abdel Wahab.
En 1951, âgée d’à peine 11 ans, elle co-présente tous les jeudis une émission enfantine à la Radiodiffusion-télévision française (RTF) présentée et produite par Ahmed Hachelaf. Elle y chante des chansons à chaque épisode.
Hachelaf, également directeur artistique en charge du catalogue arabe au sein de la société phonographique Pathé-Marconi, lu fait enregistrer sa première chanson Ya oummi (Ô mère !) la même année.
A 13 ans, elle enregistre son premier disque qui contient deux chansons Ya Mrawwah Leblad Sallemli ‘Alihom (Toi qui va au pays, salue-les pour moi) et Habibi Ghayeb ‘An ‘Ouyouni <italic></italic>(Mon amour qui est loin de moi).
Ces chansons de Warda, la jeune fille à la voix d’une maturité et d’une beauté exceptionnelles, connaissent alors un énorme succès.
Mais depuis l’éclatement de la guerre d’indépendance algérienne en 1954, l’établissement familial est très surveillé par la police qui soupçonne le père de Warda de servir de relais aux indépendantistes algériens. « La police venait sans arrêt. C’était devenu invivable, nous avions peur de rentrer à la maison ». Cette période de sa vie où elle partage son temps entre son école, rue Saint-Jacques, et la musique au Tam-Tam ainsi qu’à la radio, prend fin en 1958 avec la fermeture de l’établissement et l’expulsion de la famille. Le père de Warda ne peut pas se rendre en Algérie où il est indésirable pour les autorités coloniales françaises. La famille trouvera donc refuge au Liban, le pays de sa mère. La jeune Warda fait ainsi partie, avec sa sœur et ses enfants, du premier contingent familial à partir. Sa mère décède toutefois avant le départ.
« Le départ de Paris a développé en moi un grand amour pour l’Algérie. Au point que j’ai pensé faire des chansons pour l’Algérie. J’ai fait la chanson sur Djamila Bouhired [héroïne de l’indépendance algérienne] et je pense que cela a été pour moi le tremplin pour le monde arabe car à ce moment-là l’Egypte et les pays arabes étaient beaucoup pour la cause algérienne, pour la révolution. Je voulais chanter pour tous les combattants algériens de par tout ce qu’on avait subi et vu ».