Warda #fiche

Le retour sous les projecteurs

Comment Warda est-elle revenue sous les projecteurs après dix ans d’absence ?

« Mon histoire avec le temps » (Hikaytî ma‘a al-zamân) Réalisé par Hassan al-Imam, avec Warda Egypte, 1974 Alger, collection Reyad Kesri © Cherif Ben Youcef / collection Reyad Kesri
Warda al-Djazaïria, chanteuse et actrice (Puteaux, France, 1939 - Le Caire, Égypte, 2012)

A l’indépendance du pays, en 1962, Warda se rend enfin en Algérie. Après un récital devant le président Ahmed Ben Bella, elle fait la rencontre d’un jeune officier dont elle tombe amoureuse.

Warda se marie et son époux lui demande d’abandonner la chanson. Elle accepte, épuisée par le rythme effréné des concerts et des enregistrements, et lasse d’être ballottée d’un pays à l’autre. « J’ai eu Widad et Riyad, mes deux enfants, et j’ai connu cette Algérie tant aimée. J’ai rencontré Djamila Bouhired et nous sommes devenues amies ».

Warda coule des années paisibles en Algérie, mais elle garde une oreille attentive à ce qui se passe au Caire. « Je voulais être toujours au courant de ce que faisaient les autres artistes Oum Kalthoum, Farid al-Atrache, Abdel Halim Hafez ». Le temps passe et bientôt neuf années se sont écoulées depuis son installation en Algérie lorsque le président Houari Boumédiène lui demande de chanter pour le dixième anniversaire de l’indépendance du pays. « Le drame ». Bien qu’y étant opposé, son mari ne pouvait pas l’en empêcher ni refuser d’accéder à la demande du président. « Nous en avons parlé longuement et j’ai décidé de chanter ». Mais Warda n’est plus montée sur scène depuis presque dix ans. « Quarante-huit heures avant le récital j’étais totalement aphone. C’était la peur » Son récital remporte toutefois aux dires des présents, un très franc succès. Pour Warda, cela signifiait aussi autre chose. « Ce récital m’a donné envie de continuer ma carrière ».

Elle part donc pour l’Egypte et divorce de son mari. « Il fallait du courage à mon âge pour repartir de la sorte ». Warda a alors trente-trois ans. « C’était aussi un déchirement parce que j’étais loin de mes enfants et de nouveau loin de l’Algérie ».

Au Caire, outre un film, Sot el-Hobb (La Voix de l’amour), Warda enregistre plusieurs chansons du compositeur Baligh Hamdi qu’elle épouse et avec lequel elle vivra sept ans. Les chansons qu’il écrit pour elle deviennent des succès, notamment Khallik Hena (Reste ici), Dandana (Fredonnement), Isma’ouni (Ecoutez-moi) et El-‘Ouyoun Essod (Les Yeux noirs)

Son couple avec Baligh Hamdi finit par se défaire. Elle commence alors à explorer d’autres pistes musicales qui diffèrent du style dans lequel elle commençait à se sentir à l’étroit. C’est à ce moment qu’elle enregistre la chanson Ma ‘Andakchi Fikra (Tu n’as pas idée) de Helmi Bakr qu’elle estime être un tournant dans sa carrière.

En 1979 à l’Olympia à Paris, Charles Aznavour monte sur scène pour présenter la diva avant son concert et évoque le souvenir de la toute jeune Warda qu’il avait entendue lorsqu’elle chantait au Tam-Tam, le cabaret que tenait son père.

Warda parvient enfin à concilier la France de son enfance, l’Algérie tant aimée où elle se rend « tous les deux mois » pour voir les enfants que le pays lui a offerts et l’Egypte adorée, patrie de la chanson arabe, où elle a élu domicile. Elle, l’éternelle déracinée, continue d’entretenir l’amour partout où elle a essaimé.
Qaïs Saadi

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